La Place Guy Môquet est située à l'entrée nord du hameau, sur le côté de l'ancienne école de garçons et filles de Mory. Nous la situons très bien à gauche de l'école (le bouquet d'arbres) sur cette ancienne carte postale où l'école était encore en activité, avant de devenir l'actuel siège de l'union locale CGT. Elle prit le nom de place Guy Môquet sur la proposition de monsieur Rivard, directeur de l'école voisine, dès la rentrée 1949. L'autorisation pour cette dénomination est donnée par le conseil municipal, le 17 janvier 1950. La place le long de la rue Danielle Casanova, est bordée d'arbres d'ornement et encadrée de quatre maisons d'habitation. Elle sera chaque année, début septembre, le lieu de la fête foraine de Mory. Elle résonna entre autres, en 1950 de la musique de la Garde républicaine, invitée par monsieur Rivard à l'occasion de l'élection de " Miss Mory " et d'un élégant défilé de chars fleuris tirés par " les chevaux de la ferme ".

La place , comme l'école a porté le nom de Guy Môquet, en souvenir d'un très jeune résistant. Guy Môquet, était le fils de Prosper Môquet, cheminot, syndicaliste, député communiste du 17e arrondissement de Paris. Le Parti communiste français (PCF) ayant été dissous par le gouvernement Daladier, le 26 septembre 1939. Prosper Môquet est arrêté le 10 octobre 1939, déchu de son mandat de député en février 1940 et déporté dans un camp d'internement français en Algérie. Le frère de Prosper, Henri, concierge au siège du parti communiste, est intégré au dispositif clandestin du parti à la fin de l'ét 1940. La sœur de Prosper Môquet, Rosalie est une militante proche de la direction du parti

Guy Prosper Eustache Môquet est né le 26 avril 1924 dans le 18e arrondissement de Paris. Elève au lycée Carnot, dans la même classe que Gilles Deleuze, il est un fervent militant des jeunesses communistes. Le journaliste et écrivain Pierre-Louis Basse le présente comme un " titi "volontiers gouailleur.

En ce qui concerne Guy Môquet, l'arrestation de son père en octobre 1939 est un événement marquant qui renforce son ardeur militante. D'abord réfugié avec sa mère et son frère Serge dans la manche, il revient ensuite seul à Paris et milite clandestinement au sein des jeunesses communistes, Guy Môquet déploie une grande ardeur pour coller des papillons et distribuer des tracts. Guy Môquet est arrêté sur dénonciation, le 13 octobre 1940 (il a 16 ans) au métro Gare de l'Est en compagnie de René Pignard, par trois inspecteurs de police française. René Grandjean, supérieur hiérarchique de Guy est également arrêté le 13 octobre. Les policiers n'arrivent pas à établir de façon irréfutable la participation aux distributions de tracts de Guy Môquet, qui ne passe pas aux aveux. Mais ses camarades qui ont reconnus les faits, le mettent en cause. Il est néanmoins incarcéré à la prison de Fresnes. Sur enquête de la 1er section des renseignements généraux, le bureau donne un avis défavorable à sa libération et Guy est transféré à la maison d'arrêt de la Santé, puis le 27 février 1941 à la centrale de Clairvaux. Enfin, le 14 mai il est transféré en même temps que 100 autres internés communistes venant de Clairvaux, au camp de Choisel à Châteaubriant. Il est placé dans la baraque 10, celles des jeunes.

Le 20 octobre 1941, Karl Hotz, commandant des troupes d'occupation en Loire-Inférieure est abattu à Nantes par un commando de trois communiste. A la suite de cet acte, qualifié de terroriste par les autorités allemandes et compte tenu du grade élevé de l'officier abattu, le général Von Stülpnagel annonce, que cinquante otages seront exécutés immédiatement en représailles. Quarante-huit otages sont fusillés: seize à Nantes, cinq au fort du Mont-Valérien et vingt-sept à Châteaubriant, dont Guy Môquet.

Deux jours plus tard, neuf poteaux sont dressés à la Sablière vaste carrière à la sortie de Châteaubriant. Guy Môquet avait écrit une lettre pour sa mère avant d'être fusillé et avait dit à l'abbé Moyon qui assistait les prisonniers " je laisserai mon souvenir dans l'histoire, car je suis le plus jeune des condamnés ". En trois groupes, les vingt-sept otages s'y appuient, refusant qu'on leur bande les yeux en s'écriant " vive la France ".

Les corps des fusillés de Châteaubriant sont d'abord répartis, par groupe de trois, dans les cimetières des communes environnantes. Celui de Guy Môquet au Petit-Auverné à quinze kilomètres au sud. Interdiction à la population d'approcher les tombes, une note de la sous-préfecture adressée aux familles indiquant les lieux d'inhumation, précise que s'il est interdit de déposer des plaques mentionnant le nom des fusillés, il est permis de fleurir les tombes. A la toussaint, la tombe de Guy Môquet est fleurie de bouquets de fleurs bleues, blanches et rouges. Les familles ont pu récupérer les corps après la guerre. Le corps de Guy Môquet est transféré au Cimetière du Père-Lachaise (division 97).

Retenons juste cette phrase: " Les copains, vous qui restez soyez dignes de nous ! Les 27 qui vont mourir ". Qui figure sur une planche de la baraque 6 où furent consignés les otages juste avant leur exécution. Cette planche est conservée par le musée de l'histoire vivante à Montreuil.

Jacques Devignat