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aerodrome mitry-compans en 1914-1918

AERODROME MITRY-COMPANS PENDANT LA GUERRE DE 1914-1918

LES ESCADRILLES AYANT SEJOURNE A MITRY EN 1914-1918.

LEUR TERRAIN:

Le 6 septembre 1914, au début de la première bataille de la Marne, on signale des avions sur un terrain qui est noté comme étant situé à "Compans-la-Ville" (photo ne datant pas de 1914, car on n'en a pas trouvée). En réalité, il s'agit certainement d'un espace situé à cheval sur la limite entre Mitry-Mory et Compans, dans l'angle formé par les routes D 212 (claye Souilly-Le Mesnil Amelot) et D 9 (Mitry-Mory-Compans). On peut penser que c'est le même emplacement qui été utilisé en juin 1918, cet endroit possède les qualités exigées d'un terrain d'aviation: surface plane, pas d'arbres ou de construction en hauteur sur 1000 m au moins dans tout les sens et proximité de deux routes offrant un accès facile aux nombreux camions transportant le matériel au moment de l'installation  (l'échelon terrestre) et par la suite pour l'approvisionnement en essence, munitions, pièces de rechange indispensables aux petites réparations, ravitaillement. Une escadrille emploie pour ses transports une douzaine de camions lourds et de remorques, pour ses liaisons, des voitures légères et des motos. La proximité de Mitry et de Mory d'une part, de Compans de l'autre offre des possibilités de raccordement au réseau téléphonique pour la communication avec les autres escadrilles et les divers niveaux du commandement.

A cet emplacement sera installé, juste avant la seconde guerre mondiale, l'aérodrome de Mitry- Compans, encore appelé par les militaires " base aérienne de Claye-Souilly ", aujourd'hui intégré dans l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. 

 

LEURS APPAREILS:

L'avion qui équipe, depuis décembre 1917, les escadrilles en séjour à Mitry, est le SPAD XIII qui apparaît sur le front en 1917. Selon les spécialistes de l'aéronautique c'est le " meilleur chasseur de la guerre " en 1918 la presque totalité de la chasse française en remplacement de son prédécesseur le SPAD VII, lui-même ayant succédé au Nieuport. C'est un monoplace qui a été utilisé par un bon nombre " d'as " tels Guynemer, Fonck et l'américain Rickenbacker. Equipé d'un moteur Hispano-Suiza de 220 chevaux, il est robuste, maniable et rapide.

Il est facile à construire: 8472 exemplaires ont été fabriqués durant la guerre et il sera en service jusqu'en 1923. Sa vitesse maximum est de 215 Km/h et son autonomie de vol d'environ deux heures, la durée de ses missions, surtout des patrouilles de surveillance, dépasse rarement 1h 15, elles sont en général de 45 à 60 mn. son envergure 8,04 m- longueur 6,30m - poids 820kg - armement deux mitrailleuses, comme on peu le voir sur cette photo ci-contre.

Il a existé aussi un modèle voisin , le SPAD XII équipé d'un canon Puteaux de 37 mm, également utilisé sur les chars Renault FT, qui sort au milieu de l'hélice et d'une mitrailleuse. Sa vitesse maximale est de 203 km/h et son premier vol le 5 juillet 1917.

Il ne restera que très peu en service, peu apprécier des pilotes.

Sur ce schéma, on voie la position du pilote, le canon de 37 mm juste au dessus des genoux et la mitrailleuse en haut.

LES ESCADRILLES:

Chaque escadrille est désignée par un sigle de deux ou trois lettres qui désigne le type de ses appareils suivi d'un nombre qui lui est propre, compris entre 1 et 300 pour les escadrilles du front français, attribué au fur et à mesure de leur création. Celles qui ont séjourné à Mitry sont la SPA 37, la SPA  81 et la SPA 97 qui forment le GC 15 avec la SPA 93 qui elle se trouve pendant la même période sur un autre terrain, à Silly-le-long ( dans l'Oise, près du Plessis-Belleville ).

Chacune d'elles compte de 12 à 15 appareils, en principe 15, c'est variable, car il y a ceux qui sont indisponibles et ceux qui ne sont pas rentrés d'une mission. Pour les mener 15 pilotes sont prévus, il y a parfois des manquants qui n'ont pas été remplacés. Ce matériel volant demande un entretien important qui est assuré par une quarantaine de mécaniciens. Au total l'escadrille compte un peu plus de cent hommes, commandée par un capitaine, elle est l'équivalent d'une compagnie d'infanterie. Ce sont donc plus de trois cents soldats qui ont cantonné sur le terrain de Mitry pendant une semaine.

Chacune d'elles porte sur les côtés du fuselage de ses appareils un dessin symbolique librement choisi évoquant souvent la chasse, des oiseaux, c'est la première idée qui vient à l'esprit lorsqu'on voit un avion, plus particulièrement des oiseaux de proie. Les trois escadrilles qui ont séjourné à Mitry ont fait des choix allant dans ce sens.

L'escadrille SPA 37 - un condor en vol aile noires, un corps rouge ) cherchant sa proie.

L'escadrille SPA 81 - Un lévrier blanc poursuivant un lièvre porteur d'une croix de fer.

L'escadrille SPA 97 - un fanion rouge et blanc à deux hermines noires.

( extrait de " Les escadrilles de l'aéronautique militaire française, Symbolique et Histoire 1912-1920 )

Il n'existe pas aux Archives de l'Armée de l'Air, pour la Grande Guerre, le genre de registres qu'on trouve pour l'infanterie ( les journaux de marche et d'opération ) récapitulant les différents combats auxquels l'unité a participé, cependant " les carnets de comptabilité en campagne " montrent que les trois escadrilles ont été présentent à Verdun et en Champagne. A partir du 29 mars 1918 elles arrivent au plessis-Belleville pour une quinzaine de jours. La chasse participe en nombre aux opérations terrestres le 21 mars, quand les allemands enfoncent le front entre Roye et Montdidier, en attendant le regroupement des forces françaises malmenées, l'aviation dont le GC 15 avec ses 4 escadrilles, tente de ralentir la progression ennemi en  pratiquant le mitraillage des troupes au sol. Le 28 mai, les trois escadrilles font mouvement à Rarey, elles participent aux combats sur l'Aisne et le Matz. Le 2 juin elles reviennent sur le terrain du Plessis-Belleville et le 6 juin c'est le départ pour Mitry, car le Terrain du Plessis vient d'être bombardé . Bombardement au cours duquel le commandant de l'escadrille SPA 37 ( le capitaine Paumier) a été tué. Cette escadrille arrive à Mitry sans commandant.

La SPA 37 et la SPA 97 Quittent Mitry le 14 juin 1918 mais n'abandonnent pas la région, elles se posent à Roissy-en-France où elles retrouvent la SPA 93 et la SPA 81 partie de Mitry la veille. Elles se trouveront près de Toul, au moment de l'armistice du 11 novembre.

A la fin de la guerre l'escadrille SPA 37 compte 50 victoires aériennes homologuées, l'attribution de la croix de guerre avec palme de bronze, la SPA 81 88 victoires , la croix de guerre avec deux palmes de bronze, la SPA 97 25 victoires  et deux citations. Ensemble elles ont perdu 28 pilotes morts ou disparus au combat.

Le terrain de Mitry recevra à nouveau des avions, mais en 1940, une autre guerre, une autre histoire.

Je me suis inspiré de l'étude faîte par Monsieur Crapart (qui était membre de l'APM) pour vous réécrire ce nouveau texte beaucoup plus détaillés.

 

Jacques Devignat

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