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LA GALETTE DES ROIS (Les Amis du Passé de Mitry-Mory)

 

La galette des rois est une tradition vieille comme Hérode. Bien qu'elle soit aujourd'hui consommée le jour de l'Epiphanie chrétienne (officieusement, nous savons tous que cela dure tout le mois de janvier), la galette des rois n'a pas d'origine religieuse. Certains avaient d'ailleurs essayé de l'interdire au 17e siècle, sans grand succès, et pour cause: la frangipane a de solides arguments gustatifs.

En réalité, tout porte à croire que cette coutume remonterait à l'époque des romains. Dans les fêtes consacrées à Saturne, il était d'usage de tirer au sort la royauté. Lors de ses Saturnales (fêtes romaines situées entre la fin du mois de décembre et le commencement de celui de janvier), durant lesquelles les romains désignaient un esclave comme " roi d'un jour ". Ces fêtes Saturnales favorisait en effet l'inversion des rôles  afin de déjouer les jours néfastes de Saturne, divinité chthonienne. Au cours du banquet (au début ou à la fin des Saturnales, selon les différentes époques de la Rome antique) au sein de chaque grande "familia ", les Romains utilisaient la fève d'un gâteau pour tirer au sort le "Saturnalicius princeps"  (Prince des Saturnales ou du désordre). Le "roi d'un jour " disposait du pouvoir d'exaucer tout ses désirs pendant la journée (comme donner des ordres à son maître) avant d'être mis à mort, ou plus probablement de retourner à sa vie servile. Cela permettait de resserrer les affections domestiques.

Ere Chrétienne: Le partage de la galette est également associé à la célébration des rois mages lors de l'Epiphanie, pour les chrétiens. Plusieurs calvinistes, luthériens, tout comme certains catholiques se sont opposés à cette coutume païenne; ainsi, les discours du chanoine de Senlis en 1664 reprochent le côté festif de la galette.

Epoque médiévale: Au Moyen-Âge, les grands nommaient quelquefois le roi du festin, dont on s'amusait pendant le repas. L'auteur de la vie du duc Louis II de Bourbon, voulant montrer qu'elle était la pitié de ce prince remarque que, le jour des rois (à l'épiphanie) , il faisait roi un enfant de huit ans , le plus pauvre que l'on trouvât en toute la ville. Il le revêtait d'habits royaux et lui donnait ses propres officiers pour le servir . Le lendemain l'enfant mangeait encore à la table du duc, puis venait son maître d'hôtel qui faisait la quête pour le pauvre roi. Le duc de Bourbon lui donnait communément  quarante livres, tous les chevaliers de la cour chacun un franc et les écuyers chacun un demi-franc. La somme montait à près de cent francs que l'on donnait au père et à la mère pour que leur fils fût élevé à l'école. 

La Monarchie : On tirait les rois , même à la table de louis XIV. Suivant un usage qui s'observe encore dans quelques provinces, on réservait pour la vierge une part qu'on distribuait ensuite aux pauvres. Pour divertir le roi, écrit Françoise de Motteville à l'année 1649, la reine voulut séparer un gâteau et nous fit l'honneur de nous y faire prendre part avec le roi et elle. Nous la fîmes la reine de la fève, parce que la fève s'était trouvée dans la part de la vierge. Elle commanda qu'on nous apportât une bouteille d'hypocras, dont nous bûmes devant elle, et nous la forçâmes d'en boire un peu. Nous voulûmes satisfaire aux extravagantes folies de ce jour, et nous criâmes : " La reine boit ! ". Avant Louis XIV , les grandes dames qui tiraient la fève devenaient reines de France d'un jour et pouvaient demander au roi un vœu dit " grâces et gentillesses", mais " le roi soleil " abolit cette coutume, mais Louis XIV conserva toujours l'usage du gâteau des rois.

Révolution française : Quand vint la Révolution, Le nom même de " gâteau des rois " fut un danger et Manuel du haut de la tribune de la Convention , tenta sans succès d'obtenir l'interdiction de " gâteau des rois ". Puis après un arrêté de la commune ayant changé dans  la séance du 31 décembre 1791, le jour des rois en " jour des sans culottes " , le gâteau n'eut plus la raison d'être. Cette disparition ne fut néanmoins que momentanée car les sans -culottes ayant renommé l'Epiphanie en " fêtes du bon voisinage ", un décret du 4 nivôse an III ayant recommandé de partager la " galette de l'Egalité " il reparut bientôt sur toutes les tables familiales. La galette des rois connut un moment difficile à la révolution, de nos jours la galette des rois de l'elysée  ne contient pas de fève.

 

Jacques Devignat

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