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GENEVIEVE LUIS ( dite GEN-LUIS ) PEINTRE DE NOTRE-DAME DES SAINTS-ANGES

 

Intérieur de l'église Notre-Dame des Saints-Anges avant la peinture des fresques.

Aujourd'hui nombreux sont  ceux qui admirent encore les deux fresques dont l'une décore le sanctuaire et l'autre le devant de la tribune. Le premier coup de pinceau fut donné le 10 mai 1938 et Monseigneur EVRARD évêque de Meaux, bénit l'œuvre achevée le 15 août 1938.

Ces deux fresques sont l'œuvre d'un peintre de talent Madame Geneviève LUIS. L'artiste entretenait des liens avec Mitry et l'Abbé Didier qui la connaissait, il lui proposa de réaliser les fresques de l'église. Monsieur BARBIER, architecte entérina ce choix après avoir vu les esquisses. Il jugea que la qualité artistique de celles-ci égalait autant la conception religieuse que la rigueur de la composition.

Geneviève LUIS dite " Gen-Luis ", née le 17 janvier 1905 à Amiens, était d'origine pyrénéenne et espagnole par sa famille paternelle. Par contre sa famille maternelle, depuis le XVème siècle, est implantée en Ile de France, notamment à Mitry-Mory. Après son baccalauréat, elle suit les cours de l'école Nationale des Beaux-Arts (1924-1931) et fréquente l'atelier Lucien SIMON dont elle est une élève de prédilection. Puis elle entre à l'école de Fresques de ZING (1931-1932 ). Elle est membre des Equipes Sociales de 1925 à 1948 et animatrice du groupe d'Action Catholique  des Beaux-Arts, devenu le " Cath's Arts " avec son aumonier l'Abbé Paul BUFFET. Dans son genre artistique post - impressionniste, elle entreprend des sujets variés .

GEN-LUIS accepta d'entreprendre d'abord la fresque du sanctuaire. C'est un travail différent de la peinture à l'huile par bien des aspects. En effet, peindre à l'huile c'est l'action de revêtir une toile, préalablement préparée, avec un enduit de couleurs. Le liant étant exclusivement formé d'une ou plusieurs huiles dont les constituants essentiels sont des triglycérides  d'acides gras, on ajoute un diluant et des siccatifs. Un vernis de protection, vernis à mâter, qui recouvre le tout quand la toile est sèche.

Par contre, exécuter une fresque, c'est la manière de couvrir un mur avec des couleurs minérales détrempées dans de l'eau de chaux, sur un enduit frais auquel elles s'incorporent. La composition du mortier, bien sûr  est le secret de chaque fresquiste, en fonction de sa rapidité de travail. C'est vrai que la peinture murale existait déjà dans la préhistoire et que l'origine des fresques religieuses est lointaine.

Ce travail délicat, qui n'admet pas de retouche, s'effectue par petites surfaces, c'est la fresque " à l'ancienne ", c'est à dire sur mortier frais. Il nécessite un échafaudage devant toute la surface. La méthode consiste à recouvrir le mur de papiers sur lesquels ont peint le carton. Il s'agit d'un essai général avec les couleurs définitives. Cela permet d'étudier à fond l'ensemble de l'œuvre et de la rectifier si nécessaire. Une fois le carton essayé et accepté, on le reproduit au trait avec un calque. Ce tracé linéaire est alors reporté sur le mur préparé avec le mortier. Il faut pour cela perforer en ligne continue, au moyen d'une molette à poncer, les contours du dessin qui est appliqué sur la surface. quand la ligne des trous est tracée et que le dessin est placé sur la surface à peindre, on passe une petite bourse en toile contenant de la peinture en poudre. Cette poudre traverse les trous du poncif et reproduit parfaitement le dessin sur le support définitif. Bien entendu, il faut que le dessin des formes effectué sur ce papier soit extrêmement soigné et parfaitement fini pour qu'il n'y ait aucune hésitation possible au moment de le reporter sur le mur. En outre, il convient  de calculer les limites d'arrêt et de reprise de la fresque. Car composée par éléments progressifs, il faut chaque matin posé le mortier, par le maçon ou par l'artiste, en fonction de la surface à peindre dans la journée puisque le mortier doit être frais pour recevoir les couleurs.

La fresque, au dessus du maître-autel représente la Sainte Vierge recevant les hommages des anges. Elle est entourée de tous les Saints et bienheureux auxquels elle s'est manifestée, ou qui avaient  pour elle une dévotion particulière.

  1. DESCRIPTIFS: Le tableau mesure dix mètres  en longueur et cinq mètres en hauteur. Au centre, la Sainte Vierge est plus grande que tous les autres personnages et mesure trois mètres cinquante  de hauteur. Elle apparaît bien au-dessus des saints et des anges en raison de sa dignité de Mère de Dieu, de jésus qui est la pureté et la lumière éternelle. Et nous découvrons, à droite, personnages de l'ancien testament. Tout d'abord nous voyons ISAIE, le premier des grands prophètes juifs, qui exerça son ministère dans le royaume de Juda entre (740 et 687) avant Jésus-Christ. Il est le prophète de l'espérance messianique et prédit: " Voici que la Vierge a conçu  et elle enfante un fils, et elle lui donne le nom d'Emmanuel ". Derrière lui se tient le prophète MICHEE, son contemporain. C'est lui qui annonce que le Messie doit naître à Bethléem: " Et toi, Bethléem terre de Juda, tu n'es pas la moindre des cités de Juda car c'est de toi que doit sortir le chef qui sera le pasteur d'Israël, mon peuple ". Et l'on voit le roi David, à leur côté, qui porte une lyre. C'est en raison des nombreux psaumes qu'il a composés et chantés. Ses prophéties ne concernent pas la Sainte Vierge mais le messie, qui devait être un descendant de David. Cependant Marie et Joseph appartiennent à la descendance de David. Et devant les prophètes est représenté le Pape PIE IX. Il a défini le dogme de l'Immaculée Conception le 8 décembre 1854: " La bienheureuse Vierge Marie a été dès le premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulières du Dieu tout-puissant, en considération des mérites de Jésus-Christ sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel ". Près du pape, on aperçoit deux religieux à genoux. l'un tout en blanc, représente Saint BERNARD, abbé de Clairvaux, né en 1090 au château de Fontaine, près de Dijon, et mort en 1153. Une  des plus grandes figures du Christianisme qui fonda l'abbaye de Clairvaux et prêcha la deuxième croisade. Il avait une très grande dévotion envers la très Sainte Vierge et fut reconnu Docteur de l'église en 1830. L'autre portant sur sa soutane blanche un manteau noir, dépeint Saint DOMINIQUE. Ce religieux Castillan né à Caleruega en Espagne, en 1170 et mort à Bologne  en 1221, est le fondateur des frères Prêcheurs plus connus sous le nom de Dominicains.

Avec Simon de Montfort, il combattit les hérétiques albigeois. Mais l'un fit la guerre par les armes et l'autre par la prédication et la prière, surtout celle du Rosaire qu'il avait propagé déjà en Espagne et en Bretagne. Debout devant le pape, on remarque un évêque vêtu d'une belle chappe verte. C'est Saint CYRILLE, évêque d'Alexandrie. Sur l'ordre du pape Saint CELESTIN, il présida le Concile à Ephèse en 431. Nous apercevons derrière Saint Cyrille, Saint François d'ASSISE et Saint Louis-Marie GRIGNON DE MONTFORT. Né à Assise en 1182, Saint François est mort le 4 octobre 1226. Fils d'un riche marchand, il rompit avec le monde et s'entoura de disciples voués comme lui à la pauvreté évangélique. Il fonda l'ordre religieux des frères Mineurs, mieux connus sous le nom de Franciscains. Son âme de troubadour s'est exprimée dans le cantique du soleil ou des créatures. Quant à Saint Louis-Marie Grignon de Montfort, missionnaire, il est né à Montfort en Bretagne en 1673. Il est mort en 1716, laissant une empreinte durable dans l'ouest de la France. Il fonda la congrégation enseignante des Filles de la sagesse et les Missionnaires de la compagnie de Marie. Ces missionnaires devaient avoir la Sainte Vierge pour principale patronne et propager avant tout la dévotion du Saint Rosaire.

Nous voyons aussi, devant Saint DOMINIQUE, une religieuse à genoux. Il s'agit de Maria CORONEL, la vénérable Marie d'AGREDA, religieuse cordelière espagnole née à Agreda (1602-1665). Elle est célèbre par ses extases et ses visions. Elle a fondé une congrégation de la Conception Immaculée de la mère de Dieu et écrit " La Cité mystique de Dieu " qui est en réalité la vie de la très Sainte Vierge. Et plus loin, à l'extrémité droite, nous nous arrêtons sur un couple à genoux, qui représente Mr et Mme Saint-Ange TRUTAT. Au nom de son mari, déjà décédé, comme en son nom d'ailleurs, Madame Saint-Ange a été la donatrice qui a fait le sacrifice d'une grosse partie de sa fortune. De ses deniers, elle favorisa la construction de l'église et du presbytère après avoir acheté l'ensemble des terrains. Après le côté droit, nous portons nos regards sur le côté gauche pour voir représenté, près des anges, un groupe de trois personnages dont l'un tient un livre. Ce sont les évangélistes.

Mais Saint MARC ne Figure pas, Qui n'a pas écrit à propos de la Sainte Vierge dans son évangile. Par contre Saint MATHIEU, à la fin de la généalogie de Nôtre Seigneur a écrit: " Jacob, engendra Joseph, époux de Marie, de qui est né Jésus ". Puis il raconte comment un ange informe Joseph que Marie, son épouse, concevra un enfant de l'Esprit Saint. Et que ce fils, à qui il donnera le nom de Jésus, sauvera  son peuple de ses péchés. Au -delà des évangélistes, de gauche à droite, deux hommes sont représentés. L'un de face est Saint Jean DAMASCENE et l'autre de dos est Saint NORBERT. Docteur de l'église, Saint Jean Damascène défendit le culte des Saintes Images contre les iconoclastes (717-802). L'iconoclasme était la doctrine, rendue officielle dans l'Empire Byzantin, qui prohibait comme idolâtres la représentation et la vénération des images du Christ et des Saints. A l'instigation de l'empereur de Byzance, Léon III l'Isaurien, le Calife de Damas, dont Jean était le vizir, lui fit couper la main droite. Mais par un miracle la Sainte Vierge lui restitua sa main. Né à Xanten, en Rhénanie, Saint NORBERT (1080-1134) fonda , en 1120 à Prémontré près de Laon, l'ordre des Chanoines réguliers dits " Prémontrés ".

Puis nous découvrons un groupe de trois femmes, en deçà des évangélistes. Elles représentent Sainte Jeanne de VALOIS, Sainte BRIGITTE et Sainte Françoise ROMAINE. Fille contrefaite de Louis XI, Jeanne de Valois ou de France (1464-1505), fut contrainte par son père d'épouser le jeune duc d'Orléans, qui devint Louis XII. répudiée en 1498 le mariage fut annulé en raison à la fois du vice de contrainte et de la non consommation. Elle fonda un ordre religieux, les Annonciades de Bourges, qui avait pour but principal d'honorer les vertus de la Sainte Vierge. Elle fut canonisée par PIE XII. Sainte BRIGITTE de Suède (1303-1373) épousa, jeune encore, un excellent mari avec lequel elle eut huit enfants. Devenue veuve, elle se livra aux actes de pénitence. Derrière Saint NORBERT, nous apercevons une religieuse à genoux. Elle personnifie Sainte Catherine LABOURE, née le 2 mai 1806 à Fain-les- Moutiers (côte d'Or). Elle entra chez les sœurs de Saint Vincent de Paul, rue du Bac à Paris, le 21 avril 1830. Et dès le 27 novembre de la même année, à la chapelle, la Sainte Vierge lui apparut. Elle était debout, les pieds sur un globe, et autour d'elle on lisait: " O Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ".

Puis nous voyons, face à la Sainte Vierge et devant Saint NORBERT, une petite fille à genoux au milieu du tableau. Elle est l'image même de Sainte Bernadette SOUBIROUS. Née à Lourdes en 1844, la Sainte Vierge lui apparaît pour la première fois en 1858. Depuis ce jour, jusqu'au 16 juillet de la même année, elle fut favorisée de dix huit apparitions de la Sainte Vierge. Entrée chez les sœurs de Nevers en 1866, elle mourut en 1879. Nous distinguons enfin dans le coin du tableau un prêtre entouré d'enfants. C'est le Chanoine DIDIER, fondateur et le premier curé de la paroisse.

Sur la face de la tribune, la seconde fresque représente des événements de la vie de la Sainte Vierge. Les travaux commencés à la fin du mois de juin 1939, ont duré un mois.

DESCRIPTIFS: Elle mesure neuf mètres soixante en longueur et trois mètres cinquante à deux mètres quinze en hauteur. Au centre d'abord, on peut voir la Piéta, le tableau le plus important autant par son sujet que par ses dimensions. La Sainte Vierge est assise au pied de la croix et a reçu sur ses genoux le corps de son Fils. Elle unit son sacrifice à celui de son Fils, sa douleur à la sienne et offre à Dieu la Sainte Victime de nôtre salut. Avec Marie, " contemplez un instant ces mains et ces pieds déchirés et ensanglantés... ce corps couvert de blessures... cette tête transpercée par les épines acérés, souillée de poussière, inondée de sueur et de sang... c'est Jésus-Christ, le Fils de Dieu!...Celui qui a fait le ciel et la terre, et tout ce qui existe... celui qui fait croître les plantes et donne la vie à tous les êtres...celui qui a créé l'homme et dont la puissance infinie soutient l'univers...

La présentation de Jésus au temple figure à gauche, tandis qu'à droite est reproduit la communion donnée à la Sainte Vierge par Saint Jean. Marie reçoit son fils et son Dieu, sous l'apparence l'hostie, des mains de l'apôtre que Jésus aimait. Entre les arcs, au dessus des piliers, deux autres tableaux sont peints. L'un est l'Annonciation. A l'annonce du choix de Dieu et devant la surprise de Marie, l'ange Gabriel précise: " Le saint Esprit viendra en vous et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre " Et Marie accepte, qui répond: " Je suis la servante du seigneur, qu'il me soit fait selon vôtre parole ". L'autre tableau représente le couronnement de Marie. La Sainte Vierge reçoit du Père éternel et de son Fils Jésus, la couronne qui la proclame reine du ciel, des anges et des saints. Et l'on voit le Saint-Esprit présent sous la forme habituelle d'une colombe.

Cette seconde fresque complète une décoration harmonieuse autant par le dessin que par la composition et les coloris. L'ensemble réalise un travail d'art de très grande valeur. Nous pouvons être pénétrés de reconnaissance envers une artiste qui a composé une œuvre à la gloire de nôtre église. Mais surtout une œuvre réalisée à la gloire de Marie. Alors pour Geneviève LUIS, prions pour elle.

J'ai retrouvé ce texte qui décrit les fresques avec une très grande précision dans les archives de L'A.P.M, il avait été rédigés à un époque par un membre de l'association Monsieur André LE ROY.

Jacques Devignat

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