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LES AMIS DU PASSE DE MITRY-MORY - JACQUELINE QUATREMAIRE

L'école maternelle JACQUELINE QUATREMAIRE:            Lors du conseil municipal du 11 décembre 1954, le Maire Monsieur André CARREZ et le conseil municipal décident l'achat de la propriété de la Vallée, située à l'angle de la rue Raymond BRAU, afin d'y construire une école maternelle. Celle-ci se composera de trois classes (84 élèves). Elle entrera en fonction en octobre 1956, et portera le nom "ECOLE MATERNELLE JACQUELINE QUATREMAIRE" sa directrice sera Madame AUROY.

Jacqueline QUATREMAIRE est née le 17 octobre 1918 à Igé (dans l'Orne), fille unique d'Henri QUATREMAIRE et de Germaine BRUHCE, elle va à l'école à Igé jusqu'au brevet élémentaire. En 1934, ses parents s'installent dans la région parisienne. Son père adhère à la CGTU en juin 1935 et au parti communiste en septembre. En 1937, il devient secrétaire de la section communiste de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) et l'année suivante membre du comité régional. Le 20 avril 1942, il est arrêté à Vierzon, près de la ligne de démarcation, puis interné au camp de Saint-Sulpice-la Pointe. Il s'en évade le 11 juillet 1943. Ensuite il participe à la résistance en zone nord.  

Restée seule à Paris, Jacqueline s'engage au Front national et entre en clandestinité. Vivre dans la clandestinité, pour une jeune fille de 20 ans, c'est se trouver seule, ne voyant personne, n'ayant pour tout échange que des conversations de travail avec ceux qu'elles rencontrent pour quelques minutes, le temps de se passer les papiers, les consignes. Sous la fausse identité de Michelle Dambreville, Jacqueline assure la transmission des textes et des plaques de tirage dans le groupe d'Arthur Tintelin (appareil technique de la propagande du Parti Communiste clandestin en région parisienne). Le 17 juin 1942, Jacqueline est arrêtée dans le 15e arrondissement par les inspecteurs des brigades spéciales qui la suivent depuis trois mois, elle ne s'était pas rendue compte qu'elle était filée (Arthur Tintelin lui même avait été repéré début mars 1942). Après les bureaux de la préfecture de police, Jacqueline Quatremaire est conduite au dépôt de la Conciergerie, sous le Palais de Justice, île de la Cité.

Le 10 août 1942, elle fait partie d'un groupe de détenues, dont dix-neuf seront déportées avec elle, transférées au camp allemand du Fort de Romainville, situé sur la commune des Lilas (premier élément d'infrastructure du Frontstalag 122, gardé par la Wehrmacht). Le 22 janvier 1943, elle fait partie des cent premières femmes otages qui sont transférées en camion au camp de Royallieu à Compiègne (leurs fiches individuelles du Fort de Romainville indiquent: "22.1 Nach Compiègne Uberstellt" (transférée à Compiègne le 22.1). Le lendemain 129 femmes les rejoignent venant de Fresnes et Paris. Le matin suivant 24 janvier, les 230 femmes sont conduites en camion à la gare de marchandises de Compiègne et montent dans les quatre derniers Wagons (à bestiaux) d'un convoi dans lequel plus de 1450 détenus hommes ont été entassés la veille. Comme les autres déportées, jaqueline jettent un message, le mot de jacqueline est parvenu à ses destinataires "Dans une heure nous partons certainement pour l'Allemagne. Ne vous inquiétez pas le moral est excellent. Nous reviendrons bientôt. Maman, Papa, Grand-Père chéris au revoir. Ayez du courage. Mes chers amis je vous embrasse tous. Petite Mère prend soin de ma poupée, je voudrais la retrouver belle à mon retour".                                                                                                                                                                                                                                                                                    ".

En gare de Halle, le train se divise et les wagons des hommes sont dirigés sur le KL Sachsenhausen, tandis que les femmes arrivent en gare d'Auschwitz le 26 janvier au soir. Le train y stationne toute la nuit. Le lendemain matin, après avoir été extraites des wagons et alignées sur le quai, elles sont conduites à pied au camp de femmes de Birkenau (B-la) où elles entrent en chantant la Marseillaise.

Jacqueline Quatremaire y est enregistrée sous le matricule 31641. le numéro de chacune est immédiatement tatoué sur son avant-bras gauche. Pendant deux semaines, elles sont en quarantaine au bloc N°14, sans contact avec les autres détenues. Le 3 février elles sont amenées à Auschwitz pour y êtres photographiées selon les principes de l'anthropométrie: vue de trois-quart, de face et de profil (photo ci contre).

Le 12 février, les 31000 sont assignées au block 26, entassées à mille détenues avec des Polonaises. Les Châlits sont en briques, la partie inférieure au ras du sol, est aussi une couchette où doivent s'entasser huit détenues. Les plus jeunes montent à l'étage supérieur, où il est possible de s'assoir. (Photo Mémoire Vive). Le 24 février, Jacqueline Quatremaire est affectée comme infirmière au " Revier" de Birkenau. Mais elle y contracte une tuberculose pulmonaire " Un énorme abcès sous l'omoplate gauche, semblait ronger sa maigreur. Mourante, elle était couverte, absolument couverte, de poux" rapporte Betty (Madeleine Jégouzo alias Lucienne Langois). 

Un bulletin de décès établi par la mairie de Noisy-le-Sec en date du 24 mai 1948, donne pour date de sa mort le 15 juin 1943, ce qui, d'après les témoignages, semble exact. Ses parents n'apprennent sa mort qu'au retour des rescapées. En 1950, sa poupée, un porte serviette confectionné au Fort de Romainville et son dernier message sont offerts par ses parents à Maurice THOREZ, secrétaire général du Parti communiste, pour ses cinquante ans. Ses parents font également éditer une carte postale dédiée à sa mémoire. Dédicace au verso (non datée) : En souvenir de notre fille chérie assassinée par les nazis au camp d'Auschwitz en 1943 à 23 ans. Elle aimait la vie, mais pour que Vive la France elle a donné ses 20 ans" (collection Mémoire Vive).

Jacqueline QUATREMAIRE est titulaire de la médaille militaire, de la Croix de guerre avec palme et de la médaille de la Résistance, attribuées à titre posthume en 1960 avec la mention : " QUATREMAIRE Jacqueline, sergent, Magnifique patriote, membre de la Résistance intérieure française. Arrêtée pour faits de résistance le 17 juin 1942, a été internée jusqu'au 21 janvier 1943. Déportée le 23 janvier 1943 dans un camp de concentration, est morte glorieusement pour la France le 15 juin 1943".

 

Jacques DEVIGNAT.

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