L'AVENUE JEAN-BAPTISTE CLEMENT.
Cette avenue, longue de 446 m, qui dessert le quartier de Mitry-le-Neuf, faisait partie de ce que l'on appelait, aux environs de 1840 " le Pavé-de-mitry ". Elle débute devant la mairie annexe et étant l'un des axes principaux de notre commune, elle longe de nombreuses rues, pour se perdre ensuite sur le CD84. Le 14 octobre 1937, André CARREZ, alors maire adjoint, qui au nom de la commission des travaux proposa lors de la délibération du conseil municipal d'honorer Jean-Baptiste CLEMENT en baptisant une des rues de la commune, " la route Pavée ", de la gare de Villeparisis chez Mr LECOMTE, deviendra : " Avenue Jean-Baptiste CLEMENT ".
Mais qui était Jean-Baptiste CLEMENT?
Né le 30 mai à Boulogne-sur-Seine, Jean-Baptiste Clément est le descendant d'une longue lignée de meuniers qui exploitèrent des moulins en banlieue, entre autres celui de Montfermeil. Ses parents décédèrent d'ailleurs dans cette ville: se mère en 1882 et son père en 1891.
Après des études primaires, il entre en apprentissage mais, peu doué pour la menuiserie, il devient ouvrier garnisseur en cuivre et bronze. Voici ce qu'il dit lui-même de cette expérience: " Sortant de l'école, ne sachant rien, entrant en apprentissage à 14 ans et n'en sortant qu'après 5 longues années d'esclavage, de misères et de résignation; connaissant mal mon métier, que le patron s'était peu préoccupé de m'apprendre; n'ayant aucun goût pour ce métier, le plus insignifiant d'entre tous, dès que le me sentis grand garçon, je voulu reconquérir mon indépendance et recommencer la vie à mes risques et périls ".
Il vient s'établir alors à Montmartre qui, à cette époque, est encore une colline campagnarde, et demeure rue LEPIC au N° 112. Socialiste, il admire Auguste BLANQUI. Et devant la misère de la classe ouvrière il se fait poète et chansonnier. C'est ainsi que verront le jour, parmi d'autres, les " chansons du morceau de pain " et les " chansons de l'avenir ". Mais Clément, qui est aussi un sentimental, est touché par les amoureux, les grisettes, les étudiants... Pour eux, il écrit en 1866 le " temps des cerises ", mis en musique par RENARD. Et c'est le succès: tous le monde chante ces vers. Cependant ils n'enrichiront pas son auteur, celui-ci ayant cédé les droits de cette chanson à son éditeur contre une pelisse.
Pourtant ce chansonnier qui savait toucher le cœur du peuple est remarqué par les milieux politiques et la presse. c'est ainsi que l'on trouve sa signature dans des journaux d'opposition, tel que le courrier Français. Engagé volontaire dans un régiment de marche pendant la guerre de 1870, à son retour à Paris, il subit les misères du Siège et quant l'insurrection éclatera, tout de suite il y participera. Et c'est alors que sa chanson le " Temps des cerises " sera chantée sur les barricades dès le 18 mars 1871 et au cours de ces 79 jours de la commune. Clément qui, par la suite, réunira toutes ses œuvres en un recueil, dédia cette chanson " à une courageuse jeune fille qu'il avait vu apporter des cerises aux combattants des barricades ". IL s'agissait de la citoyenne Louise, âgée d'une vingtaine d'années et ambulancière de la rue Fontaine-au-Roi, le dimanche 28 mai, qui montra " un fier courage et un grand dévouement ". Chanté aussi par les prisonniers Français dans les camps allemands lors de la dernière guerre mondiale, bien plus tard sa chanson sera reprise par Yves Montand, Juliette Gréco et plus récemment par Patrick Bruel ou encore par le groupe Noir Désir.
Ce " Temps des cerises " devenu immortel, reste le symbole de l'espérance et du renouveau.
" J'aimerai toujours le temps des cerises:
C'est de ce temps-là que je garde au Cœur
Une plaie ouverte... "
Jacques DEVIGNAT